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la nature, n’ont point été formés par elle pour nourrir l’orgueil et l’avarice de quelques nations privilégiées ; où, mieux éclairée sur ses véritables intérêts, elle appellera tous les peuples au partage de son indépendance, de sa liberté et de ses lumières. Malheureusement, il faut se demander encore si cette révolution sera le fruit honorable des progrès de la philosophie, ou seulement, comme nous l’avons vu déjà, la suite honteuse des jalousies nationales et des excès de la tyrannie.

Jusqu’à cette époque, les attentats du sacerdoce avoient été impunis. Les réclamations de l’humanité opprimée, de la raison outragée, avoient été étouffées dans le sang et dans les flammes. L’esprit qui avoit dicté ces réclamations n’étoit pas éteint ; mais ce silence de la terreur enhardissoit à de nouveaux scandales. Enfin, celui d’affermer à des moines, de faire vendre par eux dans les cabarets, dans les places publiques, l’expiation des péchés, causa une explosion nouvelle. Luther, tenant d’une main les livres sacrés, montroit de l’autre le droit que s’arrogeoit le