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gitime quand par le changement des individus, cette sanction de l’unanimité a cessé elle-même d’exister. Sans doute, il est des objets sur lesquels la majorité prononceroit peut-être plus souvent en faveur de l’erreur et contre l’intérêt commun de tous ; mais c’est encore à elle à décider quels sont ces objets sur lesquels elle ne doit point s’en rapporter immédiatement à ses propres décisions ; c’est à elle à déterminer, qui seront ceux dont elle croit devoir substituer la raison à la sienne ; à régler la méthode qu’ils doivent suivre pour arriver plus sûrement à la vérité ; et elle ne peut abdiquer l’autorité de prononcer si leurs décisions n’ont point blessé les droits communs à tous.

Ainsi, l’on vit disparoître, devant des principes si simples, ces idées d’un contrat entre un peuple et ses magistrats, qui ne pourroit être annulé que par un consentement mutuel, ou par l’infidélité d’une des parties ; et cette opinion moins servile, mais non moins absurde, qui enchaînoit un peuple aux formes de constitution une fois établies, comme si le droit de les