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destinée à gouverner, l’autre à obéir ; l’une à mentir, l’autre à être trompée ; on fut obligé de reconnoître que tous ont un droit égal de s’éclairer sur tous leurs intérêts, de connoître toutes les vérités, et qu’aucun des pouvoirs établis par eux sur eux-mêmes, ne peut avoir le droit de leur en cacher aucune.

Ces principes, que le généreux Sydney paya de son sang, auxquels Locke attacha l’autorité de son nom, furent développés depuis par Rousseau, avec plus de précision, d’étendue et de force, et il mérita la gloire de les placer au nombre de ces vérités qu’il n’est plus permis, ni d’oublier, ni de combattre.

L’homme a des besoins et des facultés pour y pourvoir ; du produit de ces facultés, différemment modifié, distribué, résulte une masse de richesses destinées à subvenir aux besoins communs. Mais quelles sont les lois suivant lesquelles ces richesses se forment ou se partagent, se conservent ou se consomment, s’accroissent ou se dissipent ? Quelles sont aussi les lois de cet équilibre, qui tend sans cesse à s’établir