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Ainsi, l’homme doit pouvoir déployer ses facultés, disposer de ses richesses, pourvoir à ses besoins avec une liberté entière. L’intérêt général de chaque société, loin d’ordonner d’en restreindre l’exercice, défend au contraire d’y porter atteinte, et dans cette partie de l’ordre public, le soin d’assurer à chacun les droits qu’il tient de la nature est encore à la fois la seule politique utile, le seul devoir de la puissance sociale, et le seul droit que la volonté générale puisse légitimement exercer sur les individus.

Mais ce principe une fois reconnu, il reste encore à la puissance publique des devoirs à remplir ; elle doit établir des mesures reconnues par la loi, qui servent à constater, dans les échanges de toute espèce, le poids, le volume, l’étendue, la longueur des choses échangées.

Elle doit créer une mesure commune des valeurs qui les représente toutes, qui facilite le calcul de leurs variations et de leurs rapports ; qui, ayant ensuite elle-même sa propre valeur, puisse être échangée contre