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fait découvrir, dans le développement de notre faculté d’éprouver du plaisir et de la douleur, l’origine de nos idées morales, le fondement des vérités générales qui, résultant de ces idées, déterminent les lois immuables, nécessaires du juste et de l’injuste ; enfin, les motifs d’y conformer notre conduite, puisés dans la nature même de notre sensibilité, dans ce qu’on pourrit appeler, en quelque sorte, notre constitution morale.

Cette même méthode devint en quelque sorte un instrument universel ; on apprit à l’employer pour perfectionner celle des sciences physiques, pour en éclaircir les principes, pour en apprécier les preuves ; on l’étendit à l’examen des faits, aux règles du goût.

Ainsi, cette métaphysique s’appliquant à tous les objets de l’intelligence humaine, analysoit les procédés de l’esprit dans chaque genre de connoissances, faisoit connoître la nature des vérités qui en forment le systême, celle de l’espèce de certitude, qu’on peut y atteindre ; et c’est ce dernier pas de la philosophie qui a mis, en quelque