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brassant, dans leurs méditations, les intérêts de l’humanité entière sans distinction de pays, de race ou de secte, formoient, malgré la différence de leurs opinions spéculatives, une phalange fortement unie contre toutes les erreurs, contre tous les genres de tyrannie. Animés par le sentiment d’une philanthropie universelle, ils combattoient l’injustice, lorsqu’étrangère à leur patrie, elle ne pouvoit les atteindre ; ils la combattoient encore, lorsque c’étoit leur patrie même qui s’en rendoit coupable envers d’autres peuples ; ils s’élevoient en Europe contre les crimes dont l’avidité souille les rivages de l’Amérique, de l’Afrique ou de l’Asie. Les philosophes de l’Angleterre et de la France s’honoroient de prendre le nom, de remplir les devoirs d’amis de ces mêmes noirs, que leurs stupides tyrans dédaignoient de compter au nombre des hommes. Les éloges des écrivains français étoient le prix de la tolérance accordée en Russie et en Suède, tandis que Becaria réfutoit en Italie les maximes barbares de la jurisprudence française.


On cherchoit en France à guérir l’Angle-