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ou les rapports avec plus de facilité. Ils sont donc, par cette double raison, une source de plaisir. Aussi l’origine de la danse, de la musique, de la poésie, remonte-t-elle à la première enfance de la société. La danse y est employée pour l’amusement de la jeunesse, et dans les fêtes publiques. On y trouve des chansons d’amour et des chants de guerre : on y sait même fabriquer quelques instrumens de musique. L’art de l’éloquence n’est pas absolument inconnu dans ces peuplades : du moins on y sait prendre dans les discours d’appareil un ton plus grave et plus solemnel ; et même alors l’exagération oratoire ne leur est point étrangère.

La vengeance et la cruauté à l’égard des ennemis érigée en vertu, l’opinion qui condamne les femmes à une sorte d’esclavage, le droit de commander à la guerre regardé comme la prérogative d’une famille, enfin les premières idées des diverses espèces de superstitions, telles sont les erreurs qui distinguent cette époque, et dont il faudra rechercher l’origine et développer les motifs. Car l’homme n’adopte pas sans raison l’erreur, que sa première éducation ne lui a