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leur industrie et ce qu’ils tirent des capitaux employés à l’acquérir ou à en augmenter le produit. Or, la conservation de l’une et de l’autre de ces ressources dépend de la vie, de la santé même du chef de chaque famille. C’est en quelque sorte une fortune viagère, ou même plus dépendante du hasard ; et il en résulte une différence très-réelle entre cette classe d’hommes et celle dont les ressources ne sont point assujéties aux mêmes risques, soit que le revenu d’une terre, ou l’intérêt d’un capital presque indépendant de leur industrie, fournisse à leurs besoins.

Il existe donc une cause nécessaire d’inégalité, de dépendance et même de misère, qui menace sans cesse la classe la plus nombreuse et la plus active de nos sociétés.

Nous montrerons qu’on peut la détruire en grande partie, en opposant le hasard à lui-même ; en assurant à celui qui atteint la vieillesse, un secours produit par ses épargnes, mais augmenté de celles des individus qui, en faisant le même sacrifice, meurent avant le moment d’avoir besoin d’en