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alors, ne doit-il pas arriver un terme où ces lois, également nécessaires, viendroient à se contrarier ? où l’augmentation du nombre des hommes surpassant celle de leurs moyens, il en résulteroit nécessairement, sinon une diminution continue de bien-être et de population, une marche vraiment rétrograde, du moins une sorte d’oscillation entre le bien et le mal ? Cette oscillation dans les sociétés arrivées à ce terme, ne seroit-elle pas une cause toujours subsistante de misères en quelque sorte périodiques ? Ne marqueroit-elle pas la limite où toute amélioration deviendroit impossible, et à la perfectibilité de l’espèce humaine, le terme qu’elle atteindroit dans l’immensité des siècles, sans pouvoir jamais le passer ?

Il n’est personne qui ne voie sans doute combien ce temps est éloigné de nous ; mais devons-nous y parvenir un jour ? Il est également impossible de prononcer pour ou contre la réalité future d’un événement, qui ne se réaliseroit qu’à une époque où l’espèce humaine auroit nécessairement acquis des lumières dont nous pouvons à peine nous faire une idée. Et qui, en effet, oseroit