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à presque tous les hommes, ces principes d’une justice rigoureuse et pure, ces mouvemens habituels d’une bienveillance active, éclairée, d’une sensibilité délicate et généreuse, dont la nature a placé le germe dans tous les cœurs, et qui n’attendent, pour s’y développer, que la douce influence des lumières et de la liberté ? De même que les sciences mathématiques et physiques servent à perfectionner les arts employés pour nos besoins les plus simples, n’est-il pas également dans l’ordre nécessaire de la nature, que les progrès des sciences morales et politiques exercent la même action, sur les motifs qui dirigent nos sentimens et nos actions ?

Le perfectionnement des lois, des institutions publiques, suite des progrès de ces sciences, n’a-t-il point pour effet de rapprocher, d’identifier l’intérêt commun de chaque homme, avec l’intérêt commun de tous ? Le but de l’art social n’est-il pas de détruire cette opposition apparente ? et le pays dont la constitution et les lois se conformeront le plus exactement au vœu de la raison et de la nature, n’est-il pas celui où