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origine, leurs coutumes et leur langage : relations que le brigandage et la guerre interrompoient souvent, mais que renouoit ensuite la nécessité, plus forte que l’amour du pillage et la soif de la vengeance.

Égorger les vaincus, les dépouiller et les réduire à l’esclavage, ne formèrent plus le seul droit reconnu entre les nations ennemies. Des cessions de territoire, des rançons, des tributs, prirent en partie la place de ces violences barbares.

À cette époque, tout homme qui possédoit des armes étoit soldat ; celui qui en avoit de meilleures, qui avoit pu s’exercer davantage à les manier, qui pouvoit en fournir à d’autres, à condition qu’ils le suivroient à la guerre, qui, par les provisions qu’il avoit rassemblées, se trouvoit en état de subvenir à leurs besoins, devenoit nécessairement un chef : mais cette obéissance presque volontaire n’entraînoit pas une dépendance servile.

Comme rarement on avoit besoin de faire des lois nouvelles ; comme il n’étoit