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pas de dépenses publiques auxquelles les citoyens fussent forcés de contribuer, et que, si elles devenoient nécessaires, le bien des chefs ou les terres conservées en commun devoient les acquitter ; comme l’idée de gêner par des réglemens l’industrie et le commerce étoit inconnue ; comme la guerre offensive étoit décidée par le consentement général, ou faite uniquement par ceux que l’amour de la gloire et le goût du pillage y entraînoit volontairement ; l’homme se croyoit libre dans ces gouvernemens grossiers, malgré l’hérédité presque générale des premiers chefs ou des rois, et la prérogative, usurpée par d’autres chefs inférieurs, de partager seuls l’autorité politique, et d’exercer les fonctions du gouvernement, comme celles de la magistrature.

Mais souvent un roi se livroit à des vengeances personnelles, à des actes arbitraires de violence ; souvent, dans ces familles privilégiées, l’orgueil, la haine héréditaire, les fureurs de l’amour et la soif de l’or, multiplioient les crimes, tandis que les chefs réunis dans les villes, instrumens des passions des rois, y excitoient les fac-