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tition et du despotisme, a consommé la dégradation de toutes les facultés humaines. Mais, si l’on observe les prodiges de cette industrie servile, on n’y verra rien qui annonce les bienfaits du génie : tous les perfectionnemens y paroissent l’ouvrage lent et pénible d’une longue routine ; par-tout, à côté de cette industrie qui nous étonne, on apperçoit des traces d’ignorance et de stupidité, qui nous en décèlent l’origine.

Dans des sociétés sédentaires et paisibles, l’astronomie, la médecine, les notions les plus simples de l’anatomie, la connoissance des minéraux et des plantes, les premiers élémens de l’étude des phénomènes de la nature, se perfectionnèrent, ou plutôt s’étendirent par le seul effet du temps, qui, multipliant les observations, conduisoit, d’une manière lente, mais sûre, à saisir facilement et presque au premier coup d’œil quelques-unes des conséquences générales, auxquelles ces observations devoient conduire.

Cependant ces progrès furent très-foibles ; et les sciences seroient restées plus long-temps dans leur première enfance, si certaines