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NOTE DE L’AUTEUR


Les six contes qui composent ce volume représentent trois ou quatre années de travail intermittent. Les dates de leurs rédactions respectives sont éloignées et leurs origines diverses. Aucun d’eux n’a trait à des souvenirs personnels, et dans tous cependant les faits sont véridiques. Par cela, je n’entends pas seulement qu’ils sont possibles, mais qu’ils se sont réellement produits. Le dernier conte du volume, par exemple, celui que j’intitule pathétique, en sous-titre à Il Conte, est une transcription presque littérale du récit que me fit un vieux gentilhomme charmant que j’avais rencontré en Italie. Je ne prétends pas que ce ne soit que cela. Il est facile d’y sentir quelque chose de plus que le mot à mot d’un récit, mais je laisse à la perspicacité du lecteur que le problème intéresse le soin de déterminer où cesse la part du conteur et où commence la mienne. Je n’implique pas par là que le problème en vaille la peine. Ce dont je suis du moins certain, c’est qu’il est insoluble, parce que je ne saurais, pour ma part, jeter aucune clarté sur le sujet. Tout ce que je puis dire, c’est qu’en dehors même de son récit, la personnalité du narrateur était extrêmement intéressante. J’ai su, voici quelques années, qu’il était mort loin de sa bien-aimée Naples, où lui était réellement arrivée cette « abominable aventure ».

La genèse d’Il Conte est donc simple. Ce n’est plus le cas des autres récits. Ils découlent de sources diverses, dont j’ai