Page:Contes tjames, trad. Landes, 1887.djvu/33

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fille, permets que nous te voyions et ce sera comme si nous voyions notre fille.

La reine et le roi parlèrent ainsi à Noix de Coco et tout en parlant ils pleuraient. Noix de Coco dit à la reine et au roi : Pour toutes les années, pour tous les mois c’en est fait de ma joie ; maintenant je resterai ici avec vous. Tout en parlant il versait des larmes, il se rappelait le temps où la princesse lui portait ses repas dans la brousse venant seule à travers la forêt, il se rappelait le temps où il gardait seul les buffles dans la brousse et où la princesse venait seule lui porter ses repas, souffrant ainsi l’un pour l’autre. Nuit et jour Noix de Coco pleurait, mais il ne le laissait voir à personne. Et tous leurs parents et tous les habitants du royaume pleuraient également la princesse.

Quant à ses sœurs, elles étaient amoureuses de Noix de Coco ; si elles lui portaient le plateau de riz pour manger elles lui souriaient. Toutes les nuits elles lui préparaient du bétel, elles restaient couchées en sa compagnie et causaient gaiement avec lui, mais elles ne purent faire qu’il ne pleurât et ne regrettât la princesse.

La princesse, quand elle se fut jetée à la mer, plongea pour saisir sa bague au chaton d’or et la passa à son doigt, ensuite les eaux de la mer la recouvrirent et elle ne fut plus. Mais comme la bague était enchantée la princesse qui la portait à son doigt acquit un pouvoir surnaturel. Elle fut transformée en un petit enfant et entra dans une coquille nacrière. Pendant de longs jours les flots soulevèrent la coquille et la princesse, ils les roulèrent une année entière et enfin elle échoua sur le rivage de la mer. Elle fut portée à un endroit où des gens ramassaient des coquillages.

La princesse sortit de la coquille, elle se leva et voulut revenir chez elle, mais elle ne savait où était son pays. Elle ne faisait