Page:Contes tjames, trad. Landes, 1887.djvu/70

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les interstices de ses pattes. Quant au vautour il avait un bec et piquait les poissons, aussi les prenait-il rapidement.

Le tigre vit que le vautour prenait si vite les poissons, que tous les gros avaient disparu et qu'il ne lui avait laissé que les petits, il se disputa alors avec le vautour et ils se battirent ensemble ; le vautour piquait le tigre du bec et s'envolait, quant au tigre il ne savait comment faire ne trouvant plus là ce vautour.

Le tigre ne pouvant venir à bout du vautour appela l'homme à son secours. L'homme était à couper des pieux, il entendit le tigre qui l'appelait et accourut à son aide en portant sa serpe sur l'épaule, et ainsi le vautour cessa de piquer le tigre du bec.

Le tigre dit à l'homme : Homme ! tu m'as rendu le service de me sauver, je t'en ai obligation. Maintenant je vais te dire une chose encore, je veux te le dire, mais j'ai grandement peur (de t'offenser). L'homme répondit : Frère tigre, n'aie pas peur de moi, ce que tu veux dire, dis-le ; parle sans avoir peur de moi, Alors le tigre dit à l'homme : Tout à l'heure tu vas revenir chez toi, ne dis à personne que tu m'as sauvé, je prendrai des cerfs et des chevreuils pour te récompenser du service que tu m'as rendu.

L'homme dit : Soit ! je ne le dirai à personne. Le tigre dit : Si tu le dis à quelqu'un je te mangerai. L'homme répondit : Soit ! si véritablement j'en parle à quelqu'un tu me mangeras.

L'homme revint chez lui et ne dit rien à personne. Pendant la nuit il se coucha dans sa maison, et au matin, en sortant avec sa femme, il vit des cerfs et des chevreuils étendus dans la cour. Sa femme lui demanda : Qui a porté ces cerfs et ces chevreuils dans notre cour ? L'homme ne dit rien à sa femme. Il savait que ces cerfs et ces chevreuils avaient été apportés par le tigre pour le récompenser.