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bambou et l'avait mangée. Le roi ne dit rien, mais Halœk n'était pas enceinte, elle mentait au roi. Le roi n'avait pas couché avec elle.

Les enveloppes de cette pousse de bambou furent transformées en un oiseau bêk qui vint se poser et gémir devant le palais du roi. Le roi entendant gémir ce bêk, fut saisi de tristesse et prononça ce vœu : Si tu es véritablement Kajong, viens te poser dans ma manche. Le bêk vola dans la manche du roi. Le roi le prit et le garda. Deux ou trois jours après le roi sortit pour se promener et Halœk, restée à la maison, prit le bêk, le fit cuire et le mangea. Elle jeta les plumes sur le chemin (?) hors du palais du roi. De ces plumes de bêk naquit un mœkya[1].

Quand le roi revint au palais, il ne vit plus le bêk il demanda à Halœk si elle l'avait vu. Celle-ci dit : En volant il est tombé dans une marmite de potage et y a péri ; je l'avais mis de côté, mais les chiens l'ont emporté. Le roi ne dit rien cette fois non plus.

Le roi ne faisait que regretter ce bêk. Or, des plumes de bêk, que Halœk avait jetées sur le chemin, il naquit un grand mœkya. Le mœkya ne porta qu'un fruit, ce fruit, quand il fut mûr, acquit un parfum incomparable. Quiconque passait devant l'arbre levait les yeux pour le voir, mais le fruit était invisible.

Une vieille Annamite qui allait vendre des ratjam[2] passa devant l'arbre. Le fruit mûr enbaumait. La vieille Annamite leva les yeux sur le mœkya et vit le fruit mûr. Elle dit : Si je pouvais avoir ce fruit pour le manger ! Comme il est beau ! Or

  1. Diospiros ebenaster (en annamite cây thi). Le fruit de cet arbre a une odeur pénétrante ; le germe ressemble à une silhouette de femme.
  2. Ratjam, gâteaux secs à forme de crêpes.