Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/17

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statée la noblesse de ses ancêtres ; elle était sans cesse occupée à étudier l’arbre généalogique de sa maison, et cette étude réitérée lui avait fait contracter une sorte d’orgueil héréditaire.

Clara avait aussi ses faibles ; mais ils frappaient moins que ceux de Jane parce qu’elle avait l’imagination moins ardente. Le tendre attachement qui l’unissait à Francis Yves, l’admiration que lui inspirait un caractère à l’abri du plus léger reproche, avaient, presque à son insu, éclairé son goût, formé son jugement ; sa conduite, ses opinions, étaient ce qu’elles devaient être ; elles avaient la vertu pour mobile ; mais le plus souvent il lui eût été impossible d’en rendre compte ; elle cédait à une sorte d’instinct, et c’était pour elle que l’habitude était véritablement devenue une seconde nature.



CHAPITRE III.


Allons, Mrs. Malaprop, occupons-nous du voisin.
B. Sheridan.


Le jour fixé pour l’une des visites régulières de M. Benfield était arrivé, et John partit dans la chaise de poste du baronnet, avec Émilie, qui était la favorite du bon vieillard, pour aller à sa rencontre jusqu’à la ville de F***, à environ vingt milles de distance, et le ramener de là au château ; car M. Benfield avait signifié plus d’une fois que ses chevaux ne pouvaient le conduire plus loin ; il voulait que tous les soirs ils allassent regagner leur écurie ordinaire, la seule où il lui semblait qu’ils pussent trouver ces soins attentifs, auxquels leur âge et leurs services leur donnaient des droits. La journée était magnifique, et le frère et la sœur éprouvaient une véritable jouissance à l’idée de revoir bientôt leur respectable parent, dont l’absence avait été prolongée par une attaque de goutte.

— Dites-moi un peu, Émilie, dit John après s’être placé dans la voiture à côté de sa sœur, dites-moi franchement comment vous trouvez les Jarvis ; et le beau colonel ?