Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/59

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ton ? Et se levant froidement il s’éloigna, sans que rien fût capable de l’engager dans une seconde partie.

— Je ne suis pas de force, miss Chatterton, répondit-il aux instances de la mère et de la fille ; avant d’avoir eu le temps de me reconnaître, j’étais déjà échec et mat ; vous êtes un adversaire dangereux.

La douairière voulut entreprendre une attaque plus couverte, par le moyen de Grace, mais de ce côté la défaite eût été plus sûre encore, puisque ses propres troupes se révoltaient contre leur général, et lady Chatterton fut obligée pour le moment d’accorder une trêve à un antagoniste sur lequel elle n’avait obtenu aucun avantage.

Le colonel entra dans la lice avec toute l’indifférence que peuvent inspirer la présomption et la fatuité.

La partie fut commencée avec un égal talent dans les deux joueurs. Mais aucune émotion, aucune distraction ne se manifesta chez le colonel ; la main et le pied de Catherine jouaient cependant aussi leur rôle dans la perfection ; mais Egerton ne perdait rien de sa force, il avait des réponses pour toutes les questions de Jane, et des sourires pour toutes les petites agaceries de son adversaire ; enfin Catherine ne se tenait plus que sur la défensive, lorsque Egerton, trouvant probablement la partie trop longue, fit une faute volontaire et la perdit ; et la douairière vit trop bien qu’il n’y avait rien à faire avec le colonel.



CHAPITRE X.


J’entends déjà le bruit des roues de leur char. À cette course rapide, jugez de leur impatience. Les voilà : donnez le signal de la fête.
Ben Johnson.


Les premières voitures qui s’arrêtèrent devant la porte du presbytère de Bolton le lendemain furent celles de Mrs. Wilson et du baronnet.

— Merci, merci, mon cher beau-frère, cria Émilie à Francis, qui, pour seconder son impatience, ouvrait lui-même la portière