Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/23

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— Milord Cornbury ?

— J’allais dire que si je quittais la province sans exprimer les regrets que j’éprouve de ne pas avoir plus tôt apprécié le mérite de ses possesseurs primitifs, et le vôtre en particulier, je ferais injure à une sensibilité qui n’est que trop vive pour la paix de celui qui en est doué.

— Avez-vous donc l’espérance que vos créanciers vont s’attendrir, ou le comte a-t-il fourni les moyens d’ouvrir les portes de la prison ?

— Vous vous servez de singulières expressions, Monsieur ; mais je préfère la franchise à toutes les autres qualités. Il n’y a aucun doute que la porte de la prison, comme vous l’avez si clairement nommée, pourrait être ouverte, et heureux l’homme qui tournerait la clé. Je songe avec peine que le mécontentement de la reine accablera, tôt ou tard, mes maladroits persécuteurs ; d’un autre côté, j’éprouve de la consolation, en pensant à la faveur qu’elle étendra sur ceux qui se sont montrés mes amis dans cette fatale position. Ceux qui portent la couronne n’aiment pas à voir la honte s’attacher à ceux qui sont de leur sang, car cette tache peut rejaillir jusque sur le manteau d’hermine… Monsieur l’alderman ?

— Milord ?

— Comment vont vos hongres flamands ?

— Parfaitement. Je vous remercie, Milord ; les coquins sont gras comme lard ! Ces innocentes créatures auront un peu de repos, maintenant que mes affaires m’appellent au Lust-in-Rust. Il devrait y avoir une loi, lord gouverneur, pour faire pendre les noirs qui montent à cheval pendant la nuit.

— Je pensais à infliger un châtiment rigoureux pour un crime aussi lâche, mais il y a peu de chance qu’il en soit ainsi sous l’administration de M. Hunter. Oui, Monsieur, si j’étais encore une fois en la présence de ma royale cousine, on mettrait promptement un terme à cet abus, et la colonie jouirait de nouveau d’un état prospère. Les hommes d’une génération ne la gouverneraient pas au détriment des hommes d’un siècle. Mais nous devons être las de laisser deviner nos projets. C’est vraiment une idée hollandaise, et les profits tant pécuniaires que politiques devraient en appartenir aux seuls Hollandais. Mon cher van Beverout ?…

— Mon bon lord ?