Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 11, 1839.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’étranger recula, et manifesta d’abord l’intention de passer rapidement ; cependant il s’arrêta pour répondre :

— Cela peut être ou n’être pas ; démasquez-vous, afin que je puisse juger par votre visage si ce que vous me dites est vrai.

— Avec votre permission, digne et honorable signore, et si cela vous est agréable, ainsi qu’à mon maître, j’aimerais assez à éviter l’air du soir en conservant ce morceau de carton et de soie.

— Il n’y a ici personne pour te trahir, quand tu serais nu comme au jour de ta naissance : si je ne suis certain de ce que tu es, comment puis-je me fier à ton honnêteté ?

— Je ne me méfie point des vertus d’une face découverte, Signore, et je vous invite donc vous-même à montrer ce que la nature a fait pour vous dans les traits de votre visage, afin que moi, qui dois faire la confidence, je sois sûr de l’identité de la personne à laquelle je m’adresse.

— C’est bien, et cela me donne une bonne idée de ta prudence. Je ne me démasquerai pas cependant ; et comme il y a peu de probabilité que nous puissions nous comprendre, je vais passer mon chemin en te souhaitant une heureuse nuit.

— Cospetto ! Signore, vous êtes un peu trop prompt dans vos résolutions et vos mouvements pour quelqu’un qui est peu habitué aux négociations de cette sorte. Voilà une bague dont le cachet servira peut-être à nous faire comprendre l’un de l’autre.

L’étranger prit le bijou, et tenant la pierre de manière à l’exposer aux rayons de la lune, il tressaillit en trahissant ainsi un sentiment de surprise et de plaisir.

— Voici le faucon du Napolitain, de celui qui est seigneur de Sainte-Agathe !

— Et de bien d’autres fiefs, bon Signore, pour ne rien dire des honneurs qu’il réclame à Venise. Ai-je raison de supposer que c’est vous à qui j’ai affaire ?

— Tu as trouvé quelqu’un qui dans le moment présent n’a pas d’autres pensées que celles qui se rapportent à don Camillo Monforte. Mais ton message ne consiste pas seulement à me montrer un cachet ?

— Non sans doute, car j’ai un paquet ; et j’attends seulement la certitude de l’identité de la personne à laquelle je parle, pour le remettre entre ses mains.