Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/51

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certaine portion des émigrants qui se sont accumulés depuis trente ans dans l’État de New-York ne veulent permettre à aucune famille ni à aucune chose de conserver le nom qu’elle portait originairement, s’il se présente la moindre occasion de le changer. Il n’y avait qu’une ou deux voitures devant la porte ; mais l’éclat des lumières qui brillaient dans la maison prouvait que la compagnie était arrivée.

— Mistress Hawker, dit John Effingham à ses deux compagnons, est fille et veuve d’hommes dont les familles sont établies depuis longtemps à New-York. Elle n’a pas d’enfant ; elle est riche, et se fait universellement respecter de tous ceux qui la connaissent, par la bonté de son cœur, son bon sens et ses manières. Si vous alliez dans la plupart des cercles de cette ville, et que vous y fissiez mention de mistress Hawker, pas une personne sur dix ne saurait qu’il existe une femme de ce nom dans leur voisinage, le pêle-mêle d’une population d’émigrants laissant dans l’ombre les personnes de son caractère et de sa situation dans le monde. Les gens qui parleront des heures entières, des parties données par mistress Peleg Pond, mistress Jonah Twist et mistress Abiram Wattles, qui ne sont arrivées dans cette île qu’il y a cinq ou six ans, et qui ayant amassé ce qui pour elles est une grande fortune, font étalage d’une élégance vulgaire, seraient surpris d’entendre parler de mistress Hawker comme d’une femme ayant droit à des égards dans la société. Ses noms historiques sont éclipsés dans leur esprit par la gloire paroissiale de certains prodiges locaux des endroits d’où ils ont émigré. Ses manières ne seraient pas comprises par des gens dont le talent d’imitation ne s’étend pas plus loin que la surface ; et son esprit, plein d’une simplicité qui n’exclut pas l’élégance, ne serait pas apprécié parmi des gens dont les idées ne peuvent en général s’élever sans monter sur des échasses.

— Mistress Hawker est donc vraiment une dame ? dit sir George.

— Une dame dans toutes les acceptions de ce mot, par sa position dans le monde, son éducation, ses manières, son esprit, sa fortune et sa naissance. Je ne sais si nous avons jamais eu plus de personnes semblables à elle que nous n’en avons à présent ; mais certainement on les remarquait davantage dans la société.

— Je suppose, Monsieur, dit le capitaine Truck, que cette mistress Hawker est de ce qu’on appelle l’ancienne école.

— D’une école très-ancienne, et qui durera probablement,