Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/161

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— Oh ! ma tante Peyton fait ses efforts pour faire honneur à l’hospitalité de mon père, dit Frances en souriant, et il faut que j’aille partager ses travaux si je veux avoir part à ses bonnes grâces.

Priant alors Isabelle de vouloir bien l’excuser, elle alla rejoindre sa tante, en réfléchissant sur le caractère et l’extrême sensibilité de la nouvelle connaissance que les circonstances avaient amenée chez son père.

L’officier blessé la suivit des yeux tandis qu’elle se retirait avec une grâce qui avait encore quelque chose d’enfantin ; et quand elle fut sortie, il dit en s’adressant à son camarade :

— On ne trouve pas souvent une tante et une nièce semblables, Jack ; celle-ci semble une fée, mais la tante est un ange.

— Ah ! George ! je vois que vous vous portez mieux ; vous retrouvez votre enthousiasme.

— Je serais aussi ingrat qu’insensible si je ne rendais justice à l’amabilité de miss Peyton.

— C’est une matrone de bonne mine, dit le capitaine sèchement. Quant à l’amabilité, George, vous savez que c’est une affaire de goût. Pour moi, avec tout le respect possible pour le beau sexe, ajouta-t-il en saluant miss Singleton, j’avoue que quelques années de moins me conviendraient mieux.

— Elle n’a certainement pas vingt ans ! s’écria vivement Singleton.

— Sans contredit. Supposons-lui-en dix-neuf, dit Lawton avec une extrême gravité. Cependant elle paraît quelque chose de plus.

— Vous avez pris la sœur aînée pour la tante, dit Isabelle en lui fermant la bouche avec sa jolie main. Mais il faut que vous gardiez le silence ; une conversation si animée nuirait à votre guérison.

L’arrivée du docteur Sitgreaves, qui remarqua avec alarme une augmentation de symptômes fébriles dans son malade, fit mettre à exécution cette ordonnance prudente, et Lawton alla rendre une visite de condoléances à Roanoke, qui avait été aussi froissé que son maître par sa chute de la veille. Il reconnut à sa grande joie que son coursier était comme lui-même en-pleine convalescence. À force de frotter les membres de l’animal pendant plusieurs heures sans intermission, on lui avait rendu ce que le capitaine appelait le mouvement systématique des jambes. Il donna donc ses ordres pour qu’on le sellât et bridât en temps convenable