Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/20

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CHAPITRE III.


Tout ce qui brille n’est pas or, souvent vous l’avez entendu dire ; plus d’un homme a vendu sa vie, rien que pour voir mon apparence.
Shakespeare. Le Marchand de Venise.


À peine le diacre fut-il sorti, qu’il se rendit à l’humble demeure de la veuve White. La maladie de Dagget était un dépérissement général, mais sans beaucoup de souffrance. Il était assis sur un vieux fauteuil, et il se trouvait encore en état de causer. Il ne savait pas quel danger il courait, et peut-être se flattait-il en cet instant de vivre encore plusieurs années. Le diacre entra au moment même où la veuve venait de sortir pour aller visiter une autre commère de sa connaissance, qui demeurait dans le voisinage, et qu’elle avait depuis longtemps l’habitude de consulter. Elle avait aperçu le diacre de loin, et elle profita de cette occasion pour traverser la route, comprenant par une sorte d’instinct que sa présence n’était pas nécessaire pendant les conférences des deux hommes. Quel était le sujet de ces entretiens intimes, la veuve White ne parvenait pas à s’en rendre exactement compte mais on pourra voir ce qu’elle imaginait d’après sa conversation avec sa voisine, la veuve Stone.

— Voilà encore le diacre ! s’écria la veuve White, tandis qu’elle se précipitait dans la chambre où se trouvait son amie. C’est la troisième fois qu’il vient chez moi depuis hier matin. Qu’est-ce que cela peut signifier ?

— Oh ! Betsy, il visite les malades, c’est la raison, qu’il donne de ses nombreuses visites.

— Vous oubliez, que c’est le jour du sabbat ! ajouta la veuve White.

— Meilleur le jour, meilleure l’action, Betsy.

— Je sais cela ; mais c’est bien souvent pour un homme que de visiter les malades trois fois en vingt-quatre heures !