Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/31

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CHAPITRE IV.


Oh ! ne les pleurez pas, ils n’ont plus à souffrir. Oh ! ne les pleurez pas, car ils ne pleurent plus ; car leur sommeil est profond, quoique leur oreiller soit froid et dur dans le vieux cimetière.
Bayly.



Le lendemain matin de bonne heure, tout le monde était levé chez le diacre Pratt. Au moment où le soleil semblait sortir des eaux, le diacre, et Marie se rencontrèrent sous le porche de la maison.

— Voici la veuve White, et elle paraît très-pressée, dit la nièce avec anxiété ; j’ai peur que son malade n’aille plus mal.

— Hier soir, reprit l’oncle, il semblait mieux, bien qu’il fût un peu fatigué d’avoir causé. Il voulait parler, quoi que je fisse pour l’en empêcher. Je ne lui demandais que deux ou trois mots, il en disait mille, et non pas ceux que je désirais entendre. Ce Dagget est bien-parleur, je puis vous l’assurer, Marie.

— Il ne parlera plus, diacre, s’écria la veuve White, qui s’était assez approchée pour entendre les dernières paroles du diacre. Il ne dira plus rien ni en bien ni en mal.

Le diacre fut si frappé de la nouvelle, qu’il resta muet. Quant à Marie, elle exprima tout son regret que le malade eût été appelé si tôt devant Dieu, et après avoir eu si peu de temps pour se préparer, ce qui était pour elle la plus grande des affaires.

Au reste, la veuve, dans sa volubilité, leur eut bientôt donné tous les détails de l’événement. Il paraît que Dagget était mort pendant la nuit, la veuve l’ayant trouvé raide et froid quelques minutes auparavant. Qu’un événement qui, pour l’instant où il était arrivé, pourrait paraître un peu imprévu, eût été hâté par la fatigue d’une longue conversation, c’est ce qu’il était difficile de révoquer en doute, quoique personne ne fît de commen-