Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/122

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briller sur les armes des soldats qui les gardaient. Les marins entrèrent seuls, mais le bruit que firent les crosses des mousquets en s’appuyant par terre, annonça qu’on avait jugé à propos de conserver une force armée pour surveiller les rôdeurs surpris sur les terres de l’abbaye.


CHAPITRE XII.


Falstaff : Chair à canon ! chair à canon ! Ils rempliront une fosse aussi bien que ceux qui valent mieux qu’eux.
Shakspeare.


Les trois hommes qui entrèrent alors dans l’appartement ne parurent nullement intimidés par la présence de la compagnie devant laquelle ils étaient introduits, quoiqu’ils portassent les vêtements grossiers de marins, et dont l’état annonçait qu’ils avaient eu du service. Ils suivirent en silence la direction du doigt du capitaine, et se rangèrent dans un coin du salon comme connaissant la déférence due à un rang supérieur, et accoutumés depuis longtemps à toutes les vicissitudes du monde.

Le colonel commença alors à entrer en matière.

— Je me flatte que vous êtes tous trois de loyaux et fidèles sujets de Sa Majesté, dit-il ; mais, dans un temps comme celui-ci, les hommes les plus respectables peuvent éveiller le soupçon ; et si nous avons conçu à votre égard des idées mal fondées ; vous devez excuser notre erreur, et l’attribuer à l’état fâcheux dans lequel la rébellion a plongé cet empire. Nous avons lieu de craindre que l’ennemi ne médite quelque projet sur cette côte, car il s’y est montré avec une frégate et un schooner, audace qui ne peut être égalée que par le crime d’une révolte impie contre un souverain légitime.

Pendant que le colonel prononçait ce préambule apologétique, les prisonniers restaient les yeux fixés sur lui avec un air d’attention ; mais, quand il parla de la crainte d’une attaque, deux d’entre eux le regardèrent avec encore plus d’intérêt, et quand il