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PRÉFACE.




Les privilèges de l’historien et ceux du romancier sont bien différents, et l’un et l’autre doivent également respecter leurs droits réciproques. Il est permis à celui-ci de créer une histoire vraisemblable, tandis qu’il lui est sévèrement défendu d’appuyer sur des vérités auxquelles manquerait une couleur de probabilité ; mais le devoir du premier est de rapporter les faits tels qu’ils se sont passés sans se mettre en peine des conséquences ; sa réputation ne sera fondée que sur le vrai ; il ne sera pas cru sur paroles. C’est au lecteur à décider jusqu’à quel point l’auteur de l’ouvrage du Pilote s’est conformé à cette règle, et s’il a bien observé cette distinction ; mais il ne peut s’empêcher d’inviter ceux qui s’occupent de recherches curieuses sur les annales des États-Unis, à y persister jusqu’à ce qu’ils aient trouvé d’excellentes autorités poétiques pour tous les principaux incidents de cette légende véritable.

Quant aux critiques, l’auteur a l’avantage de les comprendre tous dans cette classe nombreuse connue par la dénomination générale de marins d’eau douce[1] ; et s’ils ont tant soit peu de discrétion, ils prendront garde d’afficher leur ignorance.

Si pourtant quelque vieux marin venait à découvrir dans cet ouvrage quelque léger anachronisme, soit dans les usages de la marine, soit dans les améliorations qu’elle a reçues, l’auteur demande à lui faire observer avec toute la déférence qu’il doit à son expérience, que son dessein est, non pas tant de peindre les costumes d’un temps particulier, que de décrire les scènes appartenant à l’océan d’une manière exclusive, et de tracer imparfaite-

  1. Lubbers : c’est plutôt notre mot de pékins en langue militaire : lubber signifie un manant, un lourdaud, un paysan.