Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/17

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pense bien que la veuve pourra rencontrer quelque cœur empressé auquel elle donnera son affection. Il importe peu quel homme la femme aime, pourvu qu’elle aime. Un homme, au contraire, n’a besoin que d’un peu de fermeté, et il peut défier Cupidon. Il n’en est pas ainsi de la femme : aimer est un besoin de son existence sans quoi, il ne se trouverait pas de femmes pour vous admirer à l’âge que vous avez.

— Je ne sais pas, je ne suis pas du tout certain de cela. Chaque fois que je devins veuf, j’étais bien décidé à passer le reste de mes jours à méditer sur les mérites de celle que j’avais perdue ; mais de manière ou d’autre, je ne sais comment il se faisait qu’avant une année écoulée, je me trouvais entraîné dans de nouveaux engagements. Au fait, il n’est rien de plus heureux que le mariage, et je suis résolu à ne pas rester seul une heure de plus qu’il n’est nécessaire.

Dunscomb rit beaucoup de la sérieuse vivacité avec laquelle parlait son ami, et son accès de gaieté étant passé, il reprit : — Mais si vous venez pour une affaire qui est du ressort de la loi, et que cette affaire ne soit pas un contrat de mariage, qu’est-ce donc ? Est-ce que le vieux Kensborough maintient ses prétentions sur la terre d’Harlem ?

— Non, il y a renoncé. Mon affaire, Tom, est d’une nature toute différente. Où allons-nous ? et quelle sera la fin de tout ceci ?

Comme le docteur avait des regards encore plus expressifs que ses paroles, Dunscomb fut frappé, de cette exclamation.

— Où nous allons ! dit-il. Voulez-vous parler du nouveau Code ou de la loi sur les droits des femmes ? Je ne pense pas que vous voyiez assez loin devant vous pour sentir les terribles conséquences de l’élection des magistrats.

— Ce n’est pas cela ; je ne m’occupe pas des Codes, ou des Constitutions, ou des droits des femmes. Où va le pays, Tom Dunscomb ? voilà la question que je vous adresse.

— Mais si vous ne vous alarmez ni des Codes, ni des Constitutions, ni des magistrats électifs, de quoi donc vous alarmez-vous ?

— L’accroissement des crimes, Tom, les meurtres, les incen-