Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/39

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où elle dérangeait le mouchoir qui masquait ses traits. Ce fut alors qu’il sentit la parfaite justesse de la description de son ami. C’était une physionomie indéfinissable ; mais les effets en furent les mêmes sur l’avocat que sur le médecin.

L’arrivée du docteur Coe mit fin à ces investigations, et tous les regards se dirigèrent sur cet individu qui prêta serment. Après toutes les questions préliminaires sur les noms, l’âge, la profession et la demeure du témoin, le coroner l’interrogea directement sur ce qui faisait la matière de l’enquête.

— Vous voyez, dit-il, les objets qui sont sur cette table. Que pensez-vous que ce soit ?

— Ossa hominum ; des os humains fort endommagés et carbonisés par le feu.

— Voyez-vous quelques signes de violence commise, outre l’action du feu ?

— Certainement. L’os frontis de chacun est fracturé par an coup ; un coup commun, je suppose.

— Qu’entendez-vous, docteur, par un coup commun ? Est-ce un coup par accident, ou un coup par intention ?

— Par un coup commun, j’entends que le même coup a endommagé les deux crânes.

— Maintenant, docteur Coe, ayez la bonté d’examiner les deux squelettes, reprit le coroner, et dites-nous s’ils appartiennent à des hommes, des femmes ou des enfants ? Sont-ils les restes d’adultes ou d’enfants ?

— D’adultes, à coup sûr. Sur ce point, il ne peut s’élever aucun doute.

— Et quant au sexe ?

— Je pense que c’est également clair. Je n’ai aucun doute que l’un ne soit les restes de Pierre Goodwin, l’autre ceux de sa femme. La science peut distinguer les sexes dans des cas ordinaires, je l’avoue ; mais ceci est un cas où la science est en défaut par l’absence des faits ; et prenant en considération toutes les circonstances connues, je n’hésite pas à dire que voilà devant vous les restes de l’homme et de la femme qui ont disparu de ce monde le mari et l’épouse.