Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/13

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esprits et des sorciers, ou d’y éprouver ces fortes sensations qu’excite une bataille ou un meurtre ; qu’il le laisse là, car il n’y aura aucun intérêt de cette sorte dans aucune page.

J’ai déjà dit que c’était mon propre caprice qui m’avait suggéré ce roman ; mais c’est un caprice qui est intimement uni avec le sentiment. Des temps plus heureux, des événements plus intéressants, et probablement des scènes plus belles, auraient pu être choisis pour agrandir mon sujet ; mais rien de tout cela ne m’aurait été aussi agréable. Je désire donc être plutôt jugé par ce que j’ai fait que par mes péchés d’omission. J’ai introduit une bataille, mais elle n’est pas très-homérique. Quant aux assassinats, la population d’un nouveau pays ne souffre pas cette dépense de la vie humaine ; on aurait pu amener une ou deux pendaisons à l’avantage manifeste de « l’établissement colonial ; » mais c’eût été en contradiction (out of keeping) avec les lois humaines de ce pays de clémence.

Le roman des Pionniers est sous les yeux des lecteurs, monsieur Wiley, et je m’adresserai à vous pour le seul vrai compte de sa réception. Les critiques peuvent écrire aussi obscurément qu’il leur plaira, et se donner pour plus sages qu’il ne le sont : les journaux peuvent nous faire mousser[1] ou nous déchirer à belles dents, suivant leur capricieuse humeur ; mais si vous m’abordez en souriant, je saurai tout de suite que l’ouvrage est essentiellement bon.

Si vous avez jamais besoin d’une préface, je vous prie de me le faire savoir en réponse.

Tout à vous sincèrement,
L’AUTEUR.
New-York, 1er janvier 1823.
  1. to puff.