Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/41

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d’amour sur deux petites filles occupées de légers ouvrages d’aiguille et assises à ses pieds sur des tabourets ; mais je me réjouis de voir qu’une personne qui a voyagé dans des lieux où les intentions des Sauvages doivent être bien connues n’a pas craint de voyager sans armes.

L’étranger découvrit lentement ses traits, et le regard qu’il jeta sur celle qui venait de parler n’était pas sans une douce expression d’intérêt. Mais recouvrant aussitôt son calme, il se leva, et prenant le sac de cuir qui avait été porté sur la croupe de son cheval, et qui était alors étendu à une faible distance de son siège, il tira une paire de pistolets d’arçon de deux poches qui étaient artistement placées dans les côtés du sac, et il les posa lentement sur la table.

— Quoique peu disposé à chercher la rencontre de tout ce qui porte un visage d’homme, dit-il, je n’ai pas négligé les précautions ordinaires de ceux qui traversent les déserts. Voilà des armes, qui, dans des mains habiles, peuvent facilement ôter la vie, ou du moins écarter la mort.

Le jeune Mark s’approcha avec la curiosité de son âge, et tandis qu’un de ses doigts hasardait de toucher la platine, il jetait à la dérobée sur sa mère, un regard où l’on devinait qu’il savait avoir tort. Il dit bientôt avec autant de dédain que la manière dont il avait été élevé pouvait le permettre :

— La flèche d’un Indien atteindrait plus sûrement son but qu’une arme aussi courte que celle-ci ! Lorsque les soldats de la ville de Hartford poursuivent le chat sauvage sur la montagne défrichée, ils envoient les balles d’un fusil de cinq pieds ; outre cela, ce petit fusil serait d’un faible secours pour combattre, corps à corps, contre le couteau bien affilé que le cruel Wampanoag porte toujours avec lui.

— Enfant, tes années sont en petit nombre, et ta hardiesse à discourir est merveilleuse, dit sévèrement le grand-père à son petit-fils.

L’étranger ne manifesta aucun mécontentement du langage confiant du jeune garçon ; l’encourageant au contraire d’un regard qui disait que cet instinct martial ne lui avait pas nui dans son esprit, il dit :

— Le jeune homme qui n’est point effrayé de penser à un combat ou de raisonner sur ses chances aura dans la suite un esprit indépendant. Cent mille jeunes garçons semblables à