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II AVERTISSEMENT.

Ce n'est pas seulement, comme on pourrait le croire, dans le courant du dix-huitième siècle qu'il en a été ainsi. La dernière édition des œuvres de Corneille, pu- bliée par M. Lefèvre et recherchée à bon droit comme la plus complète, ne se distingue guère à cet égard des précédentes.

On lit dans un Sonnet à M. de Campion sur ses hommes illustres :

J'ai quelque art d'arracher les grands noms du tombeau, De leur rendre un destin plus durable et plus beau, De faire qu'après moi l'avenir s'en souvienne : Le mien semble avoir droit à l'immortalité.

Cette tournure excellente a choqué les éditeurs, et, où il y avait le mien, ils ont mis nion nom, détruisant ainsi, afin de faire disparaître une incorrection imaginaire, toute la vivacité de ce passage.

Les altérations de ce genre ne tombent pas seulement sur les ouvrages de second ordre : elles défigurent parfois de très-beaux morceaux des chefs-d'œuvre de Corneille.

A qui venge son père, il n'est rien d'impossible,

dit Rodrigue au Comte'. C'est ainsi que ce vers est imprimé dans toutes les éditions courantes, ainsi qu'il est dit au théâtre, ainsi qu'il est récité dans nos collèges; seulement, par un scrupule d'exactitude, M. Lefèvre fait remarquer que de 1687 à 16/18 on lit:

A qui venge son père, il n'est rien impossible,

sans le mot de. Qui s'aviserait de soupçonner après cela

I. Le Cid, acte II, scène 11.

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