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DU POËME DRAMATIQUE. aS

théâtre'. De ces six, il n'y a que le sujet dont la bonne constitution dépende proprement de l'art poétique ; les autres ont besoin d'autres arts subsidiaires : les mœurs, de la morale ; les sentiments, de la rhétorique ; la diction, de la grammaire ; et les deux autres parties ont chacune leur art, dont il n'est pas besoin que le poëte soit in- struit, parce qu'il y peut faire suppléer par d'autres que lui-, ce qui fait qu'Aristote ne les traite pas. Mais comme il faut qu'il exécute lui-même ce qui concerne les quatre premières, la connoissance des arts dont elles dépendent lui est absolument nécessaire, à moins qu'il aye reçu de la nature un sens commun assez fort et assez profond pour suppléer à ce défaut^.

Les conditions du sujet sont diverses pour la tragédie et pour la comédie. Je ne toucherai à présent qu'à ce qui regarde cette dernière, qu'Aristote définit simplement une imitation de personnes basses et fourbes^. Je ne puis m'empêcher de dire que cette définition ne me satisfait point ; et puisque beaucoup de savants tiennent que son Traité de la Poétique n'est pas venu tout entier jusques à nous, je veux croire que dans ce que le temps nous en a dérobé il s'en rencontroit une plus achevée.

La poésie dramatique, selon lui, est une imitation des actions, et il s'arrête ici à la condition des personnes, sans dire quelles doivent être ces actions. Quoi qu'il en soit, cette définition avoit du rapport à l'usage de son temps, où l'on ne faisoit parler dans la comédie que des personnes d'une condition très-médiocre ; mais elle n'a

1. Voyez Aristote, Poétique, chap. vi, 6.

2. Var. (édit de 1660) : Qu'il y peut faire suppléer par d'autres, ce qui fait, etc.

3. Var. (édit. de 1660): pour réparer ce défaut.

4. 'H 0£ ■/.fij[i.(])0a z<z-. jj.|j.rjrjiî -jauXoTcptov. (Aristote, Poé/iV^î/e,

chap. V, I .)

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