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DU POËME DRAMATIQUE. 37

heureuse, ni même pour la comédie. Quant à la pre- mière, c'est le péril d'un héros qui la constitue, et lors- qu'il en est sorti, l'action est terminée. Bien qu'il aye de l'amour, il n'est point besoin qu'il parle d'épouser sa maîtresse quand la bienséance ne le permet pas ; et il suffit d'en donner Tidée après en avoir levé tous les em- pêchements, sans lui en faire déterminer le jour. Ce se- roit une chose insupportable que Chimène en convînt avec Rodrigue dès le lendemain qu'il a tué son père, et Rodrigue seroit ridicule, s'il faisoit la moindre démon- stration de le désirer. Je dis la même chose d'Antiochus. Il ne pourroit dire de douceurs à Rodogune qui ne fus- sent de mauvaise grâce, dans l'instant que sa mère se vient d'empoisonner à leurs yeux, et meurt dans la rage de n'avoir pu les faire périr avec elle. Pour la comédie, \ Aristote ne lui impose point d'autre devoir pour conclu- ' sion que de rendre amis ceux qui étaient ennemis^ ; ce qu'il faut entendre un peu plus généralement que les termes ne semblent porter, et l'étendre à la réconcilia- tion de toute sorte de mauvaise intelligence ; comme quand un fils rentre aux bonnes grâces d'un père qu'on a vu en colère contre lui pour ses débauches, ce qui est une fin assez ordinaire aux anciennes comédies ; ou que deux amants, séparés par quelque fourbe qu'on leur a faite, ou par quelque pouvoir dominant, se réunissent par l'éclaircissement de cette fourbe, ou par le consen- tement de ceux qui y mettoient obstacle ; ce qui arrive presque toujours dans les nôtres, qui n'ont que très-ra- rement une autre fin que des mariages. Nous devons tou- tefois prendre garde que ce consentement ne vienne pas

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