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A4 DISCOURS

fants, une femme qui console et conseille son mari : en un mot, tous ces gens sans action n'ont point besoin d'être insinués au premier acte ; et quand je n'y aurois point parlé de Livie dans Cinna, j 'aurois pu la faire entrer au quatrième, sans pécher contre cette règle. Mais je sou- haiterois qu'on Tobservàt inviolablement quand on fait concurrer deux actions dififérentes, bien qu'ensuite elles se mêlent ensemble. La conspiration de Cinna, et la con- sultation d'Auguste avec lui et Maxime, n'ont aucune liaison entre elles, et ne font que concurrer d'abord, bien que le résultat de l'une produise de beaux effets pour l'autre, et soit cause que Maxime en fait découvrir le secret à cet empereur. Il a été besoin d'en donner l'idée dès le premier acte, oii Auguste mande Cinna et Maxime. On n'en sait pas la cause ; mais enfin il les mande, et cela suffît pour faire une surprise très-agréa- ble, de le voir délibérer s'il quittera l'empire ou non, avec deux hommes qui ont conspiré contre lui. Celte sur- prise auroit perdu la moitié de ses grâces s'il ne les eût point mandés dès le premier acte, ou si on n'y eût point connu Maxime pour un des chefs de ce grand dessein. Dans Don Sanche, le choix que la reine de Castille doit faire d'un mari, et le rappel de celle d'Aragon dans ses Etats, sont deux choses tout à fait différentes : aussi sont-elles proposées toutes deux au premier acte, et quand on introduit deux sortes d'amours, il ne faut ja- mais y manquer.

Ce premier acte s'appeloit prologue du temps d'Aris- tote, et communément on y faisoit l'ouverture du sujet, pour instruire le spectateur de tout ce qui s'étoit passé avant le commencement de l'action qu'on alloit repré- senter, et de tout ce qu'il falloit qu'il sût pour comprendre ce qu'il alloit voir. La manière de donner cette intelli- gence a changé suivant les temps. Euripide en a usé assez

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