Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

68 D[SCOURS

connoissons ni l'un ni l'autre. Il condamne entièrement la quatrième espèce de ceux qui connoissent, entrepren- nent et n'achèvent pas, qu'il dit avoir quelque chose de méchant, et rien de tragique^ et en donne pour exemple Hémon qui tire l'épée contre son père dans VAntigone^, et ne s'en sert que pour se tuer lui-même. Mais si cette condamnation n'étoit modifiée, elle s'étendroit un peu loin, et envelopperoit non-seulement le Cid, mais Cinna, Rodogune, Héracliiis et Niconièdc.

Disons donc qu'elle ne doit s'entendre que de ceux qui connoissent la personne qu'ils veulent perdre, et s'en dé- disent par un simple changement de volonté, sans aucun événement notable qui les y oblige, et sans aucun manque de pouvoir de leurpart. J'ai déjà marqué cette sorte de dénouement pour vicieux^; mais quand ils y font de leur côté tout ce qu'ils peuvent, et qu'ils sont empêchés d'en venir à l'effet par quelque puissance supérieure, ou par quelque changement de fortune qui les fait périr eux- mêmes, ou les réduit sous le pouvoir de ceux qu'ils vou- loient perdre, il est hors de doute que cela fait une tra- gédie d'un genre peut-être plus sublime que les trois qu'Aristote avoue ; et que s'il n'en a point parlé, c'est qu'il n'en voyoit point d'exemples sur les théâtres de son temps, où ce n'étoit pas la mode de sauver les bons par

ripide ; quant au Cresphonie, c'est sans doute la pièce du même poëte dont nous possédons encore quelques fragments (cdit. F. Didot, p. 72G); pour VHellé on manque tout à fait de renseignements.

1. 'l"o X£ yàp [iiapôv syst, xal où Toaytxdv. {Xri&lotc, Poétique, chap. XIV, 7.)

2. Peut-ôtre Aristotc vcml-il [)ar]or ici de IWntiijonc d'Eurij)idc, qui ne nous est point parvenue, plutôt que de celle de Sophocle, 'toutefois, dans cette dernière aussi, Hcinon, après s'cîtrc défendu (v. 753) de faire des menaces à Créon, son père, tire l'épée contre lui, et Créon ne lui échappe que par la fuite (v. ia54).

3. Voyez plus haut, p. 28.

�� �