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DE LA TRAGÉDIE. 77

nétrants pour percer de si épaisses obscurités, et déter- miner si VIphigénie in Tauris est de l'invention d'Euri- pide, comme son Hélène et son Ion, ou s'il l'a prise d'un autre ; mais je crois pouvoir dire qu'il est très-malaisé d'en trouver dans l'histoire, soit que tels événements ' n'arrivent que très-rarement, soit qu'ils n'ayent pas assez d'éclat pour y mériter une place : celui de Thésée, re- connu par le roi d'Athènes, son père, sur le point qu'il l'alloit faire périr, est le seul dont il me souvienne-. Quoi qu'il en soit, ceux qui aiment à les mettre sur la scène peuvent les inventer sans crainte de la censure : ils pour- ront produire par là quelque agréable suspension dans l'esprit de l'auditeur ; mais il ne faut pas qu'ils se pro- mettent de lui tirer beaucoup de larmes.

L'autre question, s'il est permis de changer quelque chose aux sujets qu'on emprunte de l'histoire ou de la fable, semble décidée en termes assez formels par Aris- tote, lorsqu'il dit qu'il ne faut point changer les sujets reçus, et que Clytemnestre ne doit point être tuée par un autre quOreste, ni Ériphyle par un autre qu'Alcméon 'K Cette décision peut toutefois recevoir quelque distinction et quelque tempérament. Il est constant que les cir- constances, ou si vous l'aimez mieux, les moyens de parvenir à l'action, demeurent en notre pouvoir. L'his- toire souvent ne les marque pas, ou en rapporte si peu, qu'il est besoin d'y suppléer pour remplir le poëme; et même il y a quelque apparence de présumer que la

��1. Var. (édit. de i663) : de tels événements.

2. Dans l'édition de 1660 ce passage relatif à Thésée se trouve plus haut sous une forme un peu différente (voyez p. 74, note 2). C'est à partir de l'édition de i663 qu'il a été transporté ici.

3. To'j; [J.ÈV ouv ;:apîtXri[jL[j.cvoj; [aûOoj; )v'jc'.v ojx ia~'.. Aiyoj oà oîov -/•jV KXuTa'.uLVTfaxpav àTzoOavojiav ÛKO toj 'OpHiTOu, /.«i T7Jv'Epi-^ûXT)v'J7:ô toj 'AÀ"/'.|i.ai'wvo;. (Aristote, Poétique, cliap. xiv, 5.)

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