Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

133 DISCOURS DES TROIS UNITES.

si l'on n'apportoit ce tempérament dont j'ai parlé, à la rigoureuse unité de lieu.

Beaucoup de mes pièces ' en manqueront si l'on ne veut point admettre cette modération, dont je me contenterai toujours à l'avenir, quand je ne pourrai satisfaire à la dernière rigueur de la règle. Je n'ai pu y en réduire que trois : Horace, Polyeucte et Pompée. Si je me donne trop d'indulgence dans les autres, j'en aurai encore davantage pour ceux dont je verrai réussir les ouvrages sur la scène avec quelque apparence de régularité. Il est facile aux spéculatifs d'être sévères ; mais s'ils vouloient donner dix ou douze poëmes de cette nature au public, ils élargiroient peut-être les règles encore plus que je ne fais, sitôt qu'ils auroient reconnu par l'expérience quelle contrainte apporte leur exactitude, et combien de belles choses elle bannit de notre théâtre. Quoi qu'il en soit, voilà mes opinions, ou si vous voulez, mes hérésies touchant les principaux points de l'art ; et je ne sais point mieux accorder les règles anciennes avec les agréments modernes. Je ne doute point qu'il ne soit aisé d'en trouver de meilleurs moyens, et je serai tout prêt de les suivre lorsqu'on les aura mis en pratique aussi heureusement qu'on y a vu les miens'.

1. VAR. (édit. de 1660) : toutes les pièces de ce volume.

2. Dans l'édition de 1660, le Discours se termine par le paragraphe suivant : « Au reste, je viens de m'apercevoir qu'en la page XXXIV du Discours que j'ai mis au-devant du second volume (voyez plus haut, p. 74, note 2), je me suis mépris, et ai cité pour un sujet de tragédie de la seconde espèce, comme Œdipe, l'exemple de Thésée, qui manifestement se doit ranger entre ceux de la troisième, tels que l' Iphigénie in Tauris. C'est un effet d'un peu de précipitation, qui ne rompt point le raisonnement en ce lieu-là ; mais j'ai cru en devoir avertir le lecteur, afin qu'il ne s'y méprenne pas comme moi. »

�� �