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Cependant qu’une sœur ne se peut consoler,
Et que le triste ennui d’une attente incertaine
Touchant votre retour la tient encore en peine.


TIRCIS.


L’amour a fait au sang un peu de trahison 353 ;
Mais Philandre pour moi t’en aura fait raison.
Dis-nous, auprès de lui retrouves-tu ton conte,
Et te peut-il revoir sans montrer quelque honte ?


CLORIS.


L’infidèle m’a fait tant de nouveaux serments,
Tant d’offres, tant de vœux, et tant de compliments,
Mêlés de repentir…


MÉLITE.


Mêlés de repentir…_Qu’à la fin exorable,


353. Var. [L’amour a fait au sang un peu de trahison ;]
Mais deux ou trois baisers t’en feront la raison.
Que ce soit toutefois, mon cœur, sans te déplaire.
clor. Les baisers d’une sœur satisfont mal un frère :
Adresse mieux les tiens vers l’objet que je voi aq.
tirs. De la part de ma sœur reçois donc ce renvoi.
mél. Recevoir le refus d’un autre ar ! à Dieu ne plaise !
tirs. Refus d’un autre, ou non, il faut que je te baise,
Et que dessus ta bouche un prompt redoublement
Me venge des longueurs de ce retardement.
clor. À force de baiser vous m’en feriez envie :
Trêve. tirs. Si notre exemple à baiser te convie,
Va trouver ton Philandre, avec qui tu prendras
De ces chastes plaisirs autant que tu voudras.
clor. À propos, je venois pour vous en faire un conte.
Sachez donc que, sitôt qu’il a vu son méconte,
[L’infidèle m’a fait tant de nouveaux serments.] (1633-57)

aq. Dans les éditions de 1644-57, le morceau qui suit remplace les douze vers précédents : « Adresse mieux les tiens, etc. , » qui ne sont que dans celle de 1633 :

tirs. Autant que ceux d’un frère une sœur, et je croi
Que tu baiserois mieux ton Philandre que moi.
clor. Mon Philandre, il se trouve assez loin de son conte.
tirs. Un change si soudain lui donne un peu de honte,
[clor. L’infidèle m’a fait tant de nouveaux serments.] (1644-57)

ar. Il y a le masculin : d’un autre, à ce vers et au suivant, dans l’édition de 1633, qui seule donne ces deux vers. Voyez la variante du vers 1425 de Mélite