Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/40

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La manière dont Corneille accueillit les critiques qu’on lui adressa détruisit tout le bon eiîet qu’il eût pu se promettre de la déférence témoignée aux hommes de lettres, plus ou moins en crédit, à qui il avait lu Horace. On comprend que toute la coterie hostile à l’auteur du Cid se soit émue et qu’il ait été un instant question d’observations et de jugement sur la nouvelle pièce’. Heureusement la position que Corneille avait déjà conquise et la fermeté de son altitude calmèrent cette effervescence; et, à partir de ce moment, il n’eut plus à redouter d’autre juge que le public.

A Horace succéda Cinna. Ce fut après ce nouveau triomphe qu’eut lieu le mariage de Corneille. A en croire son neveu Fontenelle, il ne fallut rien moins qu’une intervention toute- puissante et fort inattendue pour que le poêle pût épouser Marie de Lamperière, fille de Mathieu de Lamperière, lieute- nant général aux Andelys.

« M. Corneille, encore fort jeune, dit-il, se présenta un jour plus triste et plus rêveur qu’à l’ordinaire devant le cardinal de Richelieu, qui lui demanda s’il IravalUoit : il répondit qu’il étoit bien éloigné de la tranquillité nécessaire pour la composition, et qu’il avoit la tète renversée par l’amour. Il en fallut venir à un plus grand éclaircissement, et il dit au Cardinal qu’il aimoit passionnément une fille du lieutenant général d’Andely, en Normandie, et qu’il ne pouvoit l’obtenir de son père. Le Cardinal voulut que ce père si difficile vînt à Paris; il y arriva tout tremblant d un ordre si imprévu, et s’en retourna bien content d’en être quitte pour avoir donné sa fille à un homme qui avoit tant de crédit-. »

La première nuit de ses noces. Corneille lut tellement malade que le bruit courut à Paris qu’il était mort d’une pneumonie. Ménage lit, sans perdre de temps, une pièce de vers latins en l’honneur du prétendu défunt-’.

Ce morceau est important pour la biographie de Corneille ;

1. Voyez tome III, p. 254.

2. Œuvres de Fontenelle, Vie de Corneille, tome III, p. 122 et 123 (édition de 1742).

3. Pktiu Cornui,!! Epicedium.

Hos versus seripsi quum falso nobis nitnlinliini fuisset Corneliuin. quo die