Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/418

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en vain

De celui que sa fuite a sauvé de ma main.

Trop indigne rival, crois-tu que ton absence

Donne à tes lâchetés quelque ombre d’innocence,

Et qu’après avoir vu renverser ton dessein,

Un désaveu démente et tes gens et ton seing ?

Ne le présume pas ; sans autre conjecture.

Je te rends convaincu de ta seule écriture,

Sitôt que j’aurai pu faire ma plainte au roi.

Mais quel piteux objet se vient offrir à moi ?

Traîtres, auriez-vous fait sur un si beau visage,

Attendant Rosidor, l’essai de votre rage ?

C’est Caliste elle-même ! Ah, dieux, injustes dieux !

Ainsi donc, pour montrer ce spectacle à mes yeux,

Votre faveur barbare a conservé ma vie !

Je n’en veux point chercher d’auteurs que votre envie :

La nature, qui perd ce qu’elle a de parfait,

Sur tout autre que vous eût vengé ce forfait,

Et vous eût accablés, si vous n’étiez ses maîtres.

Vous m’envoyez en vain ce fer contre des traîtres.