Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/419

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je ne veux point devoir mes déplorables jours

À l’affreuse rigueur d’un si fatal secours.

O vous qui me restez d’une troupe ennemie

Pour marques de ma gloire et de son infamie,

Blessures, hâtez-vous d’élargir vos canaux,

Par où mon sang emporte et ma vie et mes maux !

Ah ! pour l’être trop peu, blessures trop cruelles,

De peur de m’obliger vous n’êtes pas mortelles.

Eh quoi ! ce bel objet, mon aimable vainqueur,

Avait-il seul le droit de me blesser au cœur ?

Et d’où vient que la mort, à qui tout fait hommage,

L’ayant si mal traité, respecte son image ?

Noires divinités, qui tournez mon fuseau,

Vous faut-il tant prier pour un coup de ciseau ?

Insensé que je suis ! en ce malheur extrême,

Je demande la mort à d’autres qu’à moi-même ;

Aveugle ! je m’arrête à supplier en vain,

Et pour me contenter j’ai de quoi dans la main.

Il faut rendre ma vie au fer qui l’a sauvée ;

C’est à lui qu’elle est due, il se l’est réservée ;

Et l’honneur, quel qu’il soit, de finir mes malheurs,

C’est pour me le donner qu’il l’ôte à des voleurs.