Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/424

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À peine en m’y jetant moi-même je l’évite ;

Loin de laisser la vie, il a su l’arracher ;

Loin de céder au nombre, il l’a su retrancher :

Toute votre faveur, à son aide occupée,

Trouve à le mieux armer en rompant son épée,

Et ressaisit ses mains, par celles du hasard,

L’une d’une autre épée, et l’autre d’un poignard.

O honte ! ô déplaisirs ! ô désespoir ! ô rage !

Ainsi donc un rival pris à mon avantage

Ne tombe dans mes rets que pour les déchirer !

Son bonheur qui me brave ose l’en retirer,

Lui donne sur mes gens une prompte victoire,

Et fait de son péril un sujet de sa gloire !

Retournons animés d’un courage plus fort,

Retournons, et du moins perdons-nous dans sa mort.

Sortez de vos cachots, infernales Furies ;

Apportez à m’aider toutes vos barbaries ;

Qu’avec vous tout l’enfer m’aide en ce noir dessein

Qu’un sanglant désespoir me verse dans le sein.

J’avais de point en point l’entreprise tramée,

Comme dans mon esprit vous me l’aviez formée ;