Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/425

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Mais contre Rosidor tout le pouvoir humain

N’a que de la faiblesse ; il y faut votre main.

En vain, cruelles sœurs, ma fureur vous appelle ;

En vain vous armeriez l’enfer pour ma querelle :

La terre vous refuse un passage à sortir.

Ouvre du moins ton sein, terre, pour m’engloutir ;

N’attends pas que Mercure avec son caducée

M’en fasse après ma mort l’ouverture forcée ;

N’attends pas qu’un supplice, hélas ! trop mérité,

Ajoute l’infamie à tant de lâcheté ;

Préviens-en la rigueur ; rends toi-même justice

Aux projets avortés d’un si noir artifice.

Mes cris s’en vont en l’air, et s’y perdent sans fruit.

Dedans mon désespoir, tout me fuit ou me nuit :

La terre n’entend point la douleur qui me presse ;

Le ciel me persécute, et l’enfer me délaisse.

Affronte-les, Pymante, et sauve en dépit d’eux

Ta vie et ton honneur d’un pas si dangereux.

Si quelque espoir te reste, il n’est plus qu’en toi-même ;

Et, si tu veux t’aider, ton mal n’est pas extrême.

Passe pour villageois dans un lieu si fatal ;

Et réservant ailleurs la mort de ton rival,