Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/452

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quitté,

Et payé vos ardeurs d’une infidélité ?

Vous ne répondez point ; cette rougeur confuse,

Quoique vous vous taisiez, clairement vous accuse.

Brisons là : ce discours vous fâcherait enfin,

Et c’était pour tromper la longueur du chemin,

Qu’après plusieurs discours, ne sachant que vous dire,

J’ai touché sur un point dont votre cœur soupire,

Et de quoi fort souvent on aime mieux parler

Que de perdre son temps à des propos en l’air.

Dorise

Ami, ne porte plus la sonde en mon courage :

Ton entretien commun me charme davantage ;

Il ne peut me lasser, indifférent qu’il est ;

Et ce n’est pas aussi sans sujet qu’il me plaît.

Ta conversation est tellement civile,

Que pour un tel esprit ta naissance est trop vile ;

Tu n’as de villageois que l’habit et le rang ;

Tes rares qualités te font d’un autre sang ;

Même, plus je te vois, plus en toi je remarque

Des traits pareils à ceux d’un cavalier de marque :

Il s’appelle Pymante, et ton air et ton port

Ont avec tous les siens un merveilleux rapport.

Pymante

J’en suis tout glorieux, et de ma part je prise

Votre rencontre autant que celle de Dorise,

Autant que si le ciel, apaisant sa rigueur,

Me faisait maintenant un présent de son cœur.