Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/472

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tous, dans cette prison, dont je porte les clés,

Se disent comme vous du malheur accablés,

Et la justice à tous est injuste ; de sorte

Que la pitié me doit leur faire ouvrir la porte ;

Mais je me tiens toujours ferme dans mon devoir :

Soyez coupable ou non, je n’en veux rien savoir ;

Le roi, quoi qu’il en soit, vous a mis en ma garde.

Il me suffit ; le reste en rien ne me regarde.

Clitandre

Tu juges mes desseins autres qu’ils ne sont pas.

Je tiens l’éloignement pire que le trépas,

Et la terre n’a point de si douce province

Où le jour m’agréât loin des yeux de mon prince.

Hélas ! si tu voulais l’envoyer avertir

Du péril dont sans lui je ne saurais sortir,

Ou qu’il lui fût porté de ma part une lettre,

De la sienne en ce cas je t’ose bien promettre

Que son retour soudain des plus riches te rend :

Que cet anneau t’en serve et d’arrhe et de garant :

Tends la main et l’esprit vers un bonheur si proche.

Le Geôlier

Monsieur, jusqu’à présent j’ai vécu sans reproche,

Et pour me suborner promesses ni présents

N’ont et n’auront jamais de charmes suffisants.

C’est de quoi je vous donne une entière assurance :

Perdez-en le dessein avecque l’espérance ;

Et puisque vous dressez des pièges à ma foi,

Adieu, ce lieu devient trop dangereux pour moi.