Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/480

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Si le sort d’un rival ne me l’avait appris.

Je te plains toutefois, Clitandre, et la colère

D’un grand roi qui te perd me semble trop sévère.

Tes desseins par l’effet n’étaient que trop punis ;

Nous voulant séparer, tu nous as réunis.

Il ne te fallait point de plus cruels supplices

Que de te voir toi-même auteur de nos délices,

Puisqu’il n’est pas à croire, après ce lâche tour,

Que le prince ose plus traverser notre amour.

Ton crime t’a rendu désormais trop infâme

Pour tenir ton parti sans s’exposer au blâme :

On devient ton complice à te favoriser.

Mais, hélas ! mes pensers, qui vous vient diviser ?

Quel plaisir de vengeance à présent vous engage ?

Faut-il qu’avec Caliste un rival vous partage ?

Retournez, retournez vers mon unique bien :

Que seul dorénavant il soit votre entretien ;

Ne vous repaissez plus que de sa seule idée ;

Faites-moi voir la mienne en son âme gardée.

Ne vous arrêtez pas à peindre sa beauté,

C’est par où mon esprit est le moins enchanté ;

Elle servit d’amorce à mes désirs avides ;

Mais ils ont su trouver des objets plus solides :