Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/483

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Porterait ton espoir à trop de confiance ;

Que, pour craindre trop peu, tu devinerais mal.

Rosidor

Quoi ! la reine ose encor soutenir mon rival ?

Et sans avoir d’horreur d’une action si noire…

Caliste

Elle a l’âme trop haute et chérit trop la gloire

Pour ne pas s’accorder aux volonté du roi,

Qui d’un heureux hymen récompense ta foi…

Rosidor

Si notre heureux malheur a produit ce miracle,

Qui peut à nos désirs mettre encor quelque obstacle ?

Caliste

Tes blessures.

Rosidor

Allons, je suis déjà guéri.

Caliste

Ce n’est pas pour un jour que je veux un mari,

Et je ne puis souffrir que ton ardeur hasarde

Un bien que de ton roi la prudence retarde.

Prends soin de te guérir, mais guérir tout à fait,

Et crois que tes désirs…

Rosidor

N’auront aucun effet.

Caliste

N’auront aucun effet ! Qui te le persuade ?

Rosidor

Un corps peut-il guérir, dont le cœur est malade ?

Caliste

Tu m’as rendu mon change, et m’as fait quelque peur ;

Mais je sais le remède aux blessures du cœur.

Les tiennes, attendant le jour que tu souhaites,

Auront pour médecins mes yeux qui les ont faites ;

Je me rends désormais assidue à te voir.