Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 1.djvu/496

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

368 CLITANDRE.

Mais l'un et l'autre y trouve également son conte,

Et toutes vous dussiez prendre en un jeu si doux,

Comme même plaisir, même intérêt que nous.

CAL. Ne pouvant le gagner contre toi de paroles,

J'opposerai l'effet à tes raisons frivoles,

Et saurai désormais si bien te refuser.

Que tu verras le goût que je prends à baiser :

Aussi bien ton orgueil en devient trop extrême.

Ros. Simple, pour le punir, tu te punis toi-même :

Ce dessein mal conçu te venge à tes dépens.

Déjà n'est-il pas vrai, mon heur, tu t'en repens ?

Et déjà la rigueur d'une telle contrainte

Dans tes yeux languissants met une douce plainte ;

L'amour par tes regards murmure de ce tort,

Et semble m'avouer d'un agréable effort.

CAL. Quoi qu'il en soit, Caliste au moins t'en désavoue.

ROS. Ce vermillon nouveau qui colore ta joue

M'invite expressément à me licencier.

CAL. Voilà le vrai chemin de te disgracier.

ROS. Ces refus attrayants ne font que des remises.

CAL. Lorsque tu te verras ces privautés permises,

Tu pourras t'assurer que nos contentements

Ne redouteront plus aucuns empêchements.

Kos. Vienne cet heureux jour ! mais jusque-là, mauvaise,

N'avoir point de baisers à rafraîchir ma braise !

Dussai-jc être impudent autant comme importun (a),

A tel prix que ce soit, sache qu'il m'en faut un (6).

Dégoûtée, ainsi donc ta menace s'exerce ?

CAL. Aussi n'est-il plus rien, mon cœur, qui nous traverse.

Aussi n'est-il plus rien qui s'oppose à nos vœux :

La Reine, qui toujours fut contraire à nos feux.

Soit du piteux récit de nos hasards touchée.

Soit de trop de faveur vers un traître fâchée,

A la fin s'accommode aux volontés du Roi,

[Qui d'un heureux hymen récompense ta foi.]

ROS. Qu'un hymen doive unir nos ardeurs nmtucUes !

Ah mon heur ! pour le port de si bonnes nouvelles,

C'est trop peu d'un baiser, cal. Et pour moi c'est assez.

ROS. Ils n'en sont que plus doux étant un peu forcés.

Je ne m'étonne plus de te voir si privée.

Te mettre sur mon lit aussitôt qu'arrivée ;

Tu prends possession déjà de la moitié,

Comme étant toute acquise à ta chaste amitié.

Mais à quand ce beau jour qui nous doit tout permettre ?

CAL. Jusqu'à ta guéri.son on l'a voulu renuittre.

ROS. Allons, allons, mon ciuur, je suis di-jà guéri.

(a) Dussai-je être insolent autant comme importun. (16(48)

lit) En marge, dans l'édition de i632 : // la baise sans n'sistance.

�� �