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ACTE I, SCENE m. 409

De lui pouvoir fournir un entretien sortable, 19°

Il m'épargna si bien, que ses plus longs propos A peine en plus d'une heure étoient de quatre mots'; Il me mena danser deux fois sans me rien dire.

CHRYSANTE.

Mais ensuite"?

DORIS,

La suite est digne qu'on l'admire ^ Mon baladin muet se retranche en un coin, 19^

Pour faire mieux jouer la prunelle de loin ; Après m'avoir de là longtemps considérée, Après m'avoir des yeux mille fois mesurée, Il m'aborde en tremblant, avec ce compliment : « Vous m'attirez à vous ainsi que fait l'aimant. » 200

(II pensoit m'avoir dit le meilleur mot du monde.) Entendant ce haut style, aussitôt je seconde, Et réponds brusquement, sans beaucoup m'émouvoir : « Vous êtes donc de fer, à ce que je puis voir. » Ce grand mot étouffa tout ce qu'il vouloit dire^, 2o5

Et pour toute réplique il se mit à sourire. Depuis il s'avisa de me serrer les doigts ; Et retrouvant un peu l'usage de la voix. Il prit un de mes gants : « La mode en est nouvelle. Me dit-il, et jamais je n'en vis de si belle ; 210

Vous portez sur la gorge un mouchoir fort carré ^ ;

��1. Var. A grand'peine en une heure étoient de quatre mots. (i634-57)

2. Var. CHRTs. Oui, mais après ? dor. Après ? C'est bien le mot pour rire. Mon baladin muet se retire en un coin.

Content de m envoyer des œillades de loin ;

Enfin, après m'avoir longtemps considérée.

Après m'avoir de l'œil mille fois mesurée. (lôSi-Sy)

3. Var. Le reste est digne qu'on l'admire. (i66o-64)

4. Var. Après cette réponse, il eut don de silence. Surpris, comme je crois, par quelque défaillance. [Depuis il s'avisa de me serrer les doigts.] (i 634-57)

5. Var. Vous portez sur le sein un mouchoir fort carré. (i634-57)

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